Hélène Jégado, alias Fleur de tonnerre, est sans doute la plus grande tueuse en série de tous les temps (ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les éditions Julliard). Née en Bretagne en 1803, elle a été bercée aux mythes et légendes celtes qu’elle aurait un peu trop pris au premier degré semble-t-il, puisqu’elle pensait être l’incarnation de l’Ankou, collecteur d’âmes. Elle a, au cours de ses 49 années de vie, empoisonné une soixantaine de personnes au gré des places de domestique qu’elle trouvait -Hélène était une excellente cuisinière, certains de ses gâteaux sont encore vendus en boulangerie, certifiés sans arsenic ! -, sans distinction de sexe, d’âge ou de niveau social.
Raconté par Jean Teulé, c’est évidemment croustillant, drôle, truculent, parfois paillard (rabelaisien ?). En fait, l’histoire n’est pas drôle du tout hein, on parle quand même d’assassinats en série, mais l’écriture de Teulé fait qu’on ne peut pas s’empêcher de sourire en dévorant ce road-movie bretonnant (et puis il y a prescription non ?)…
Deux petits extraits pour vous donnez, disons, l’eau à la bouche…
Alors que le médecin discute avec l’employeur d’Hélène et s’étonne que le choléra n’ait pas frappé toute la maisonnée :
“Levant ses yeux au ciel d’un air excédé et passant entre les deux hommes, Fleur de tonnerre prend aussitôt la défense du choléra dont elle parle au féminin :
– Ben, hé ! Elle ne peut pas tout faire d’un coup, la choléra ! Ce n’est pas une machine, non plus. Faut comprendre aussi les…
Poursuivant vers la cuisine, elle y grommelle entre ses dents :
– Par exemple, moi, j’ignorais que l’abbé n’aimait pas les rognons et n’en mangerait pas… Sinon, vous pensez bien, j’aurais cuisiné autre chose pour tous les trois !”
Alors qu’Hélène demande qui est Saint Thuriau :
“On lui doit de nombreux miracles dont la résurrection d’une jeune fille.
– C’est quoi, la résurrection ?
– Redonner vie à un mort.
– Ce n’est pas moi qui ferais çà !… sourit Fleur de tonnerre en entrant dans la cour.
J’avais déjà beaucoup aimé Le Montespan, j’ai adoré Fleur de tonnerre. Çà se lit vite, çà se dévore même, c’est rafraîchissant. Juste deux passage où on est tellement dans l’onirique que je n’ai pas saisi le détail de ce qui se passait, mais çà n’enlève rien à l’ensemble (et puis aussi je ne me suis pas beaucoup forcée, en relisant plus attentivement, çà devrait aller je pense…) .
Fleur de tonnerre, Jean Teulé, Editions Julliard, 2013.
Ca donne envie de le lire 🙂